«C’est l’histoire d’un homme qui tombe d’un immeuble de cinquante étages. Le mec, au fur et à mesure de sa chute, il se répète sans cesse pour se rassurer : jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien. Mais l’important n’est pas la chute, c’est l’atterrissage.»¹
En filigrane du contenu des articles publiés dans cette première édition du «beep», une question… Celle que se posent nombre d’associations d’éducation permanente et, plus largement, les opérateurs du secteur socioculturel : quel sera l’atterrissage de tous ces dossiers qui depuis deux ans viennent troubler la sérénité de l’action associative et du travail de terrain ?
De la réforme des APE à l’évaluation prochaine du Décret EP (p.20) en passant par l’Opération Bouger les lignes (p.2), le(s) moratoire(s), le durcissement de la réglementation ACS, le basculement dans le Cadastre de l’emploi non marchand en FW-B, le formulaire électronique, les négociations autour du Décret de l’Emploi socioculturel… Autant de chantiers ouverts et expérimentaux qui suscitent interrogations et inquiétude dans le secteur.
Par ailleurs, à demi-mots, s’exprime çà et là l’idée qu’à défaut de pouvoir dégager de nouveaux moyens pour rencontrer les nouvelles demandes, ceux-ci sont à rechercher dans le secteur de l’éducation permanente perçu par d’aucuns comme un secteur trop largement financé voire inutile. Dans ce débat, c’est surtout la question de la visibilité du secteur et de ses actions qui revient comme une rengaine. Ce «manque de visibilité» deviendrait-il un critère d’évaluation (en termes de réussite ou d’échec) de la pertinence des actions réalisées ? Dans nos sociétés de l’image, du marketing et de la consommation, l’éducation permanente devrait-elle sacrifier la force de son agir sur l’autel de la «dictature du visible et du prêt-à-penser» pour enfin mériter ses lettres de noblesse ?
C’est donc bien la question de l’état du capital symbolique de l’éducation permanente auprès des autorités politiques et de l’opinion publique (p.5) qui est centrale à l’heure où la zone de turbulence que traverse le secteur ne semble pas près de se terminer de sitôt.
«Jusqu’ici, à part quelques économies et un licenciement par-ci par-là, une réduction collective de la rémunération… ça va…» nous disent parfois, résignés, les opérateurs qui ont pourtant à coeur de poursuivre leurs missions et de remplir l’entièreté de leurs obligations décrétales.
Pour la FESEFA, la zone de turbulence est aussi importante que l’atterrissage ! Et c’est ce que votre fédération relaie constamment dans les nombreuses réunions où les intérêts du secteur sont en jeu !
[1] La haine, film français réalisé par Mathieu Kassovitz, 1995